Ça commence comme ça : "Il se réveilla brutalement d'un sommeil
détrempé d'alcool, ses côtes qui l'élançaient étant la première
sensation consciente qui lui vint. Puis ce furent, là et là, son œil et
sa lèvre supérieure qui avaient enflé, l'odeur de moisi et de produits
antiseptiques de la cellule, celle, aigrelette, de son corps, et le goût
salé du sang et de la bière rance dans sa bouche."
C'est le troisième roman de Deon Meyer que je lis et décidément cet
auteur sud-africain est bien talentueux. Après avoir fréquenté avec
bonheur le flic Matt Joubert dans Jusqu'au dernier puis Benny Griessel dans 13 heures,
c'est Zatopek Van Heerden qui est cette fois sur le devant de la scène,
Matt Joubert ne faisant que quelques rares apparitions. L'intrigue ne
m'a pas emballée plus que ça, mais c'est la psychologie de ce personnage
torturé qui est passionnante. Comme dans 13 heures, le roman est
construit sur un système d'alternance. Un chapitre est consacré à
l'intrigue (Van Heerden, ancien flic, est engagée par Hope Beneke, une
sympathique et jolie avocate pour retrouver un testament volé après un
crime) et le suivant revient sur l'histoire personnelle du héros, depuis
son enfance, et sur le pourquoi du comment il en est venu à détester
l'humanité toute entière et encore davantage sa propre personne. Les
deux récits sont intimement liées et le sont de plus en plus au fil des
pages car l'enquête qu'il mène va avoir un impact considérable sur lui.
Pas besoin d'être devin pour comprendre que l'adorable Hope y est pour
quelque chose.
Van Heerden est un type super attachant. Un vrai gentil traumatisé.
J'aime beaucoup les rapports qu'il entretient avec sa mère. Et comment
résister à cet homme perdu qui trouve du réconfort en cuisinant. Il
mitonne des plats alléchants en écoutant de la musique classique : "Il
fit légèrement et lentement revenir l'ail et le persil dans la grande
poêle à frire, l'arôme du plat montant avec la vapeur et se répandant
dans la pièce. Il huma tout cela avec plaisir et fut vaguement surpris
de constater qu'il y arrivait encore. Verdi dans les petits
hauts-parleurs. La Traviata. De la musique pour faire la cuisine."
On n'est pas dans la gaieté (les types qu'il pourchasse sont de gros
malades), mais l'auteur assaisonne son texte (avec subtilité, juste ce
qu'il faut) d'un humour qui me plaît bien, ce qui allège l'ambiance. Les
dialogues entre Van Heerden et P'tit Mpayipheli, un chouette personnage
qui arrive dans la dernière parti, sont particulièrement savoureux car
l'humour cache une vraie tendresse entre ces deux (faux) gros durs.
Enfin, ingrédient essentiel de ce roman : les jolis sentiment. Car au
fond, Zatopek Van Heerden, ne rêve que d'une chose depuis toujours :
rencontrer LA femme de sa vie.
Les soldats de l'aube, de Deon Meyer (Points), 2003, 8,20€
Puisque tu parles Afrique du Sud et Policier, as tu lu "la lionne blanche" de Henning Mankell?
RépondreSupprimernon pas lu! mais je le note!!
Supprimermerci
je l'avais bien aimé aussi celui là
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